L’album "Heavens" parait le 26 février chez Jazz Village/Harmonia Mundi.
En guise d’avant-goà »t, le "Das Lied Der Trennung" avec Marion Rampal :
Un tome 2 me direz-vous, "on ne change pas une équipe qui gagne" pourrait-on penser...
Au-delà de l’évidente logique et du plaisir éprouvé par Raphaël Imbert à jouer une nouvelle fois avec les protagonistes de "Bach Coltrane", l’argument de "MOZART ELLINGTON" a besoin d’être expliqué et commenté, tout en donnant quelques clefs, musicologiques, historiques, artistiques et sociologiques afin de
réussir une association qui n’apparaà®t pas comme allant de soi de prime abord. En effet, ce sont ces mêmes clefs, cette même attention à trouver de légitimes arguments qui ont décidé de l’orientation de "Bach Coltrane", à travers le rapport à la mystique propre de ces deux musiciens, et à leur attachement à l’improvisation
et la composition.
Dans le cas de Mozart et Ellington, c’est d’abord une même relation à la facilité musicale qui semble prédisposer leur approche artistique. Facilité d’écriture, prolixité de l’oeuvre et du propos, virtuosité aisée, légèreté de l’écoute, presque trop parfois, au point que l’on peut, dans les deux cas, les soupçonner de
mondanité, de superficialité, de cliché.
Les musiques de Mozart et d’Ellington sont populaires et savantes, légères et profondes, faciles et hétérogènes ; elles impliquent différents degrés de lecture et d’écoute. La spiritualité intrinsèque de leur musique porte une dimension bien plus profonde, universelle, mais elle ne tient pas, comme chez Coltrane et Bach, au drame mystique intime et intemporel. Elle provient d’un profond engagement humaniste, universel qui voit la musique comme un moteur spirituel pour tous les hommes, et qui s’explique notamment par leur appartenance respective à l’ordre maçonnique.
Mais plus encore, c’est notre rapport à la notion de "classicisme" qu’interroge nos deux musiciens. Leur génie et leur autorité esthétique ont déterminé, en musique savante comme en jazz, l’apparition d’une période "classique", bien que l’originalité et la particularité de leur caractère artistique empêchent de les enfermer
dans un style propre et les rendent indistinctement pour nous, jazzmen et musiciens classiques, indéniablement modernes et actuels.
Et l’improvisation dans tout cela ? Elle est toujours là , mais sous un jour beaucoup plus ludique, malin, espiègle, d’une manière qui laisse entrevoir de vrais moments d’échanges et de jeux musicaux originaux et uniques.
On comprend désormais pourquoi Raphaël Imbert avait réagi, il y a quelques années lors de l’émission radiophonique "Un Mardi Idéal", à une question d’Arielle Butaux qui lui demandait " :... après Bach et Coltrane, quels autres musiciens jazzmen et classiques peuvent être associés de cette manière ?... La réponse avait
été immédiate, spontanée et sans préalable : "Mozart Ellington !!!"
Création au Grand Théà¢tre de Provence d’Aix-en-Provence le 5 avril 2011.
Une première étape de ce projet a été enregistré en direct et en public à l’auditorium du Petit Palais à Paris le 26 novembre 2009 et diffusé dans l’émission "D’une rive à l’autre" d’Arièle Butaux sur France Musique le 11 aoà »t 2010.